Héloïse (en grec Έλούσα transcrit Eloysa, en latin Heloisa, parfois Heloissa), née vers 1092, et morte le , est une intellectuelle du Moyen Âge, épouse d'Abélard et première abbesse de l'abbaye féminine du Paraclet. Chantre de l'amour libre, elle est la deuxième femme de lettres d'Occident dont le nom soit resté et le premier écrivain à affirmer et définir la spécificité du désir féminin.
Il ne reste de ses poèmes qu'une incertaine oraison funèbre et rien de sa musique ni des chansons de sa jeunesse que reprenaient les Goliards. Le peu de ses lettres qui a été recueilli constitue en revanche un « monument » fondateur de la littérature française, célébré comme tel dès la fin du XIIIe siècle, mais mis à l'index en 1616. Plus passionnée et érudite qu'érotique, cette correspondance est l'archétype latin du roman d'éducation sentimentale et un modèle du genre épistolaire classique tel qu'il s'illustrera de la Religieuse portugaise à Dominique Aury, en passant par Madame de Lafayette et Laclos, ou encore la Julie de Rousseau et le Werther de Goethe.
Phénomène social du Moyen Âge central « renaissant », Héloïse inaugure avec Abélard la mode du couple de célébrités, amplement mis en scène par celui-ci dans son autobiographie à succès, Histoire de mes malheurs. Sa vie, des plus romanesques, en a fait la figure mythique de la passion amoureuse, outrepassant le modèle de l'« amour courtois » élaboré à la même époque sous les traits de Tristan et Iseult.
Derrière ce masque de femme fatale, l'œuvre de l'exégète savante, célèbre avant même sa rencontre avec Abélard, pour avoir été la première femme à suivre l'enseignement des arts libéraux, témoigne d'une tentative de définir pour les femmes un statut clérical leur donnant accès à l'éducation. Soutenue par la cour de Champagne en rivalité depuis deux siècles avec les Capétiens, Héloïse réalise ce projet en fondant le Paraclet, premier ordre monastique doté d'une règle spécifiquement féminine. La réforme grégorienne s'emploiera à ce que ce modèle ne lui survive pas et que les religieuses ne deviennent plus des « femmes savantes ».
Source : Wikipedia