Résumé biographique

William Randolph Hearst, magnat américain de la presse, fut une figure colossale qui a révolutionné le journalisme au début du XXe siècle. Bâtisseur d'un empire médiatique sans précédent et précurseur du journalisme à sensation, il a exercé une influence considérable sur la politique et la culture américaine, inspirant même le célèbre film "Citizen Kane".


Parcours

Né le 29 avril 1863 à San Francisco, en Californie, William Randolph Hearst est le fils unique de George Hearst, un mineur et propriétaire de ranch multimillionnaire, et de Phoebe Apperson Hearst, une enseignante. Élevé dans une famille fortunée, il effectue un tour d'Europe avec sa mère à l'âge de dix ans, ce qui éveille son intérêt pour l'art et la culture. Après des études à la St. Paul's School, il entre à l'université Harvard de 1882 à 1885, mais en est expulsé pour avoir envoyé à des membres de l'institution des pots de chambre contenant leur photo, un signe précoce de son tempérament excentrique et provocateur. En 1887, à 23 ans, il prend les rênes du "San Francisco Examiner", un journal sans envergure que son père avait reçu en paiement d'une dette de jeu. Admiratif du succès de Joseph Pulitzer et de son "New York World", Hearst nourrit l'ambition de transformer le paysage médiatique américain, posant les bases de son futur empire.


William Randolph Hearst a bâti un empire médiatique colossal, caractérisé par une chaîne de 28 journaux importants et 18 magazines. Il a également fondé sa propre agence de presse, l'International News Service (INS), et possédé des stations de radio et des compagnies de cinéma, telles que Cosmopolitan Productions, où il a produit des films mettant en vedette sa compagne Marion Davies. En 1915, il fonde International Film Service, un studio d'animation. Hearst fut le principal représentant du journalisme jaune ("yellow journalism"), un style qui privilégiait le sensationnalisme, les titres accrocheurs, les photographies dramatiques et les histoires parfois fabriquées pour capter l'attention du public et augmenter les tirages. Sa concurrence acharnée avec Joseph Pulitzer a défini cette ère médiatique. Il a introduit des innovations comme la création du King Features Syndicate, qui a diffusé des bandes dessinées célèbres (comme Flash Gordon, Blondie ou The Yellow Kid), et l'introduction de suppléments illustrés du dimanche, ancêtres des comics modernes. Il a également soutenu des auteurs renommés comme Ambrose Bierce, Mark Twain et Jack London. Son influence fut telle qu'il a été accusé d'avoir enflammé l'opinion publique et contribué au déclenchement de la guerre hispano-américaine en 1898. À partir de 1919, il fait construire le spectaculaire Hearst Castle (La Cuesta Encantada) à San Simeon, en Californie, et possédait aussi Wyntoon, un autre domaine, intégrant des éléments architecturaux européens anciens dans ses résidences. Malgré une fortune affaiblie par la Grande Dépression, il parvient à maintenir son influence, bien qu'il perde le contrôle personnel de son empire financier en 1940. Son parcours atypique, à la rencontre des médias et de la politique, a marqué de manière indélébile l'histoire des États-Unis.


Controverse

William Randolph Hearst fut au cœur de plusieurs controverses en raison de ses pratiques journalistiques et de sa vie personnelle. Il est souvent considéré comme le propagateur du journalisme jaune, utilisant des titres trompeurs, des "fake news" et des histoires sensationnelles pour manipuler l'opinion publique, notamment lors de la guerre hispano-américaine où il est accusé d'avoir "enflammé" les Américains contre les Espagnols. La célèbre phrase "You furnish the pictures and I'll furnish the war" ("Fournissez les photos, je me charge de la guerre"), qu'on lui attribue souvent en lien avec l'illustrateur Frederic Remington, est cependant apocryphe et aucune preuve historique ne confirme qu'il l'ait réellement prononcée. Sa vie privée a également suscité le scandale : bien que marié à Millicent Willson depuis 1903 et père de cinq fils, il a entretenu une longue liaison notoire avec l'actrice Marion Davies à partir des années 1910, ce qui a conduit à sa séparation avec Millicent au milieu des années 1920, sans jamais divorcer. Une autre controverse majeure fut le décès subit du producteur de cinéma Thomas H. Ince à bord de son yacht en 1924 ; la version officielle parle d'une crise cardiaque, mais des rumeurs persistantes ont évoqué une balle perdue destinée à Charlie Chaplin, bien qu'aucune preuve n'ait été apportée et que l'affaire reste un mystère hollywoodien. Enfin, dans les années 1930, Hearst a été accusé de sympathies pro-nazies pour avoir publié des articles favorables à Hitler, tout en étant farouchement anti-communiste dans les années 1940, des positions qui ont terni son image auprès de l'intelligentsia américaine.


Repères de carrière

1887 : Prend la direction du "San Francisco Examiner".
1895 : Acquisition du "New York Journal", marquant le début de sa rivalité avec Joseph Pulitzer.
1898 : Influence majeure sur la guerre hispano-américaine via ses journaux.
1903 : Mariage avec Millicent Veronica Willson.
1903-1907 : Élu représentant au Congrès pour le 11e district de New York.
1904 : Candidat malheureux à la présidence des États-Unis.
1905, 1909 : Échecs aux élections de maire de New York.
1906 : Échec à l'élection de gouverneur de New York.
1909 : Fondation de l'International News Service (INS).
1915 : Fondation d'International Film Service (studio d'animation).
1919 : Début de la construction du Hearst Castle à San Simeon.
1924 : Ouverture du "New York Daily Mirror", un tabloïd.
Années 1930 : Empire affaibli par la Grande Dépression, perd le contrôle personnel en 1940.
1941 : Tente de bloquer la sortie du film "Citizen Kane".
1947 : Quitte définitivement le Hearst Castle pour Beverly Hills en raison de sa santé.


Vie personnelle et engagements

William Randolph Hearst est né à San Francisco, fils de George et Phoebe Apperson Hearst. Il était marié à Millicent Veronica Willson depuis 1903. De cette union sont nés cinq fils : George Randolph Hearst, William Randolph Hearst Jr., John Randolph Hearst, Randolph Apperson Hearst et David Whitmire Hearst. Bien que séparé de son épouse à partir des années 1920, il n'a jamais divorcé. Il a vécu pendant de nombreuses années avec son amante, l'actrice Marion Davies, au Hearst Castle. Millicent, quant à elle, est restée une figure de la haute société new-yorkaise et une philanthrope active, ayant fondé le "Free Milk Fund for Babies" en 1921. La famille Hearst, malgré les tensions personnelles, est restée influente dans les sphères médiatiques et culturelles. William Randolph Hearst était un passionné collectionneur d'art, accumulant une quantité impressionnante d'œuvres et d'antiquités européennes pour décorer ses résidences, notamment en important des éléments architecturaux.


L'engagement principal de William Randolph Hearst était sans conteste le pouvoir et l'influence à travers les médias. Il croyait fermement au pouvoir de la presse pour façonner l'opinion publique et la politique. Ses journaux ont souvent pris des positions populistes, se présentant comme les défenseurs du "petit peuple" contre le "système", ce qui lui a valu un soutien populaire. Ses tentatives de convertir son pouvoir médiatique en pouvoir politique en se présentant à divers postes (représentant au Congrès, maire de New York, gouverneur de New York, président des États-Unis) ont souvent échoué, mais son influence médiatique a souvent surpassé celle des politiciens. Il a utilisé sa plateforme pour soutenir ses causes, allant de l'opposition à l'entrée des États-Unis dans la Première Guerre mondiale à des critiques de la Société des Nations. Sa philanthropie, bien que moins médiatisée que celle de son épouse Millicent, s'est manifestée à travers des dons pour des causes artistiques et éducatives, souvent liées à son goût pour les collections. Son véritable engagement était l'information (à sa manière) et la puissance qu'elle conférait.


Où se recueillir ?

William Randolph Hearst est décédé le 14 août 1951 à Beverly Hills, en Californie, à l'âge de 88 ans. Il est inhumé au Cypress Lawn Memorial Park à Colma, au sud de San Francisco, en Californie. Son domaine spectaculaire, le Hearst Castle, est devenu un musée public et un parc d'État de Californie en 1958, attirant des millions de visiteurs chaque année. Ce site est un lieu d'hommage indirect à son ambition et à sa vision, bien que sa tombe soit située ailleurs.


Contexte du décès

William Randolph Hearst est décédé le 14 août 1951, à l'âge de 88 ans, à Beverly Hills, en Californie. Sa santé s'était détériorée à partir de 1947, le forçant à quitter le Hearst Castle pour se rapprocher des soins médicaux de Los Angeles, s'installant dans la maison de Marion Davies. Sa mort a marqué la fin d'une ère pour la presse américaine et a déclenché une réorganisation majeure de l'empire Hearst. Malgré ses controverses, il a été reconnu comme l'une des figures les plus influentes de l'histoire des médias. Ses funérailles ont eu lieu dans l'intimité familiale, mais son héritage perdure à travers ses publications et le célèbre Hearst Castle.


Anecdotes

1 - Hearst a été expulsé de Harvard pour avoir envoyé à des professeurs des pots de chambre contenant des caricatures de leurs visages, un acte qui illustre son caractère rebelle et son humour noir.
2 - La citation "You furnish the pictures and I'll furnish the war" ("Fournissez les photos, je me charge de la guerre"), souvent attribuée à Hearst en lien avec la guerre hispano-américaine, est apocryphe.
3 - Il était un collectionneur compulsif, surnommé le "Grand Accumulateur", remplissant le Hearst Castle d'œuvres d'art, d'antiquités et d'éléments architecturaux importés d'Europe.
4 - Pendant la Grande Dépression, alors que son empire était au bord de la faillite, sa maîtresse Marion Davies a vendu ses propres bijoux et des biens immobiliers pour lui apporter 2 millions de dollars et le sauver de la ruine.
5 - Le personnage de Charles Foster Kane dans le film "Citizen Kane" d'Orson Welles est largement inspiré de la vie de William Randolph Hearst, bien que Hearst ait tout fait pour bloquer la sortie du film.
6 - Il a soutenu de nombreux dessinateurs de presse, comme George Herriman, créateur de "Krazy Kat", dont l'œuvre était publiée dans ses journaux, même si l'étendue de son soutien personnel direct reste une interprétation fréquente plutôt qu'une certitude historique.


Points clés

Métier(s) : Magnat de la presse, Homme d'affaires, Collectionneur d'art, Homme politique
Résidence principale : San Simeon (Hearst Castle), Beverly Hills
Relations : Millicent Veronica Willson (épouse, mariée en 1903), Marion Davies (compagne)
Enfants : George Randolph Hearst, William Randolph Hearst Jr., John Randolph Hearst, Randolph Apperson Hearst, David Whitmire Hearst (cinq fils avec Millicent)