Élisabeth Ire, née le 7 septembre 1533 au palais de Placentia à Londres et morte le 24 mars 1603 au palais de Richmond dans la même ville, est reine d'Angleterre et d'Irlande de 1558 à sa mort.
Élisabeth est la fille du roi Henri VIII, et le cinquième et dernier membre de la dynastie des Tudor sur le trône anglais. L'exécution de sa mère Anne Boleyn, trois ans après sa naissance, lui fait perdre son titre de princesse, reçu à sa naissance et entériné par le Second Acte de Succession. Son demi-frère Édouard VI nomme comme successeur, par lettre patente, sa cousine Jeanne Grey, ce qui écarte ses demi-sœurs Marie et Élisabeth de la succession au trône. Cependant, cette lettre patente d'Édouard VI est interprétée comme acte de trahison et Jeanne Grey est exécutée. Marie — fille d'Henri VIII et de la catholique Catherine d'Aragon — devient reine en juillet 1553. Élisabeth lui succède cinq ans plus tard, après avoir passé près de deux mois en prison en raison de son soutien supposé aux rebelles protestants et plus de quatre ans en résidence surveillée, entre le palais de Woodstock et Hatfield Palace.
Élisabeth Ire s'entoure d'un groupe de conseillers de confiance mené par William Cecil pour définir sa politique. Comme reine, l'une de ses premières décisions est de restaurer l'autorité de l'Église protestante anglaise aux dépens de l'Église catholique promue par sa demi-sœur Marie, comme seule religion d'État, et elle devient le gouverneur suprême de l'Église anglicane. Ce règlement élisabéthain évolue par la suite pour devenir l'Église d'Angleterre.
Elle est politiquement plus modérée que l'a été son père, Henri VIII, son demi-frère Édouard VI, et sa demi-sœur Marie Ire d'Angleterre ; l'une de ses devises est video et taceo (littéralement « je vois et je me tais »). Élisabeth Ire est relativement tolérante sur le plan religieux, ce qui ne l'empêche pas de mener une politique de persécution à l'égard des catholiques après qu'en 1570, le pape l'eut excommuniée, encourageant ses sujets catholiques à ne plus lui obéir. La reine, qui échappe à plusieurs complots, adopte une diplomatie prudente et ménage les grandes puissances européennes que sont la France et l'Espagne. Elle ne soutient qu'à contrecœur plusieurs campagnes militaires dans les Pays-Bas, en France et en Irlande qui échouent en grande partie du fait du manque de ressources. Pendant son règne éclate la guerre anglo-espagnole qui voit l'Armada espagnole (Invincible Armada) tenter d'envahir le royaume d'Angleterre en 1588.
Le règne d'Élisabeth Ire, appelé ère élisabéthaine, est associé à l'épanouissement du théâtre anglais représenté par William Shakespeare et Christopher Marlowe, à l'émergence d'un style architectural, à l'installation permanente de colonies anglaises au Nouveau Monde ainsi qu'aux prouesses maritimes d'aventuriers comme Francis Drake et Walter Raleigh. Certains historiens ont cependant nuancé cet âge d'or supposé et qualifié Élisabeth Ire de souveraine irascible et indécise qui a plus que sa part de chance. Vers la fin de son règne, une série de problèmes économiques et militaires affectent sa popularité. Élisabeth Ire est néanmoins reconnue pour son charisme et son caractère obstiné, à une époque où les monarques des pays voisins affrontent des difficultés internes qui mettent leurs trônes en péril. C'est par exemple le cas de sa rivale Marie Ire d'Écosse, qu'elle fait emprisonner en 1568, puis exécuter en 1587. Après les brefs règnes de ses demi-frère et demi-sœur, ses 44 années sur le trône apportent une stabilité bienvenue au royaume et aident à forger une identité nationale.
En vieillissant, elle est surnommée the Virgin Queen, la « Reine Vierge », et cet aspect est célébré dans de nombreuses œuvres artistiques. Élisabeth Ire ne se marie jamais et la lignée Tudor s'éteint avec elle, sur le trône des royaumes d'Angleterre et d'Irlande, ouvrant la voie à la dynastie des Stuart, à l'orée du XVIIe siècle naissant.